lundi 16 novembre 2009

CEREMONIE DU 11 NOVEMBRE

Un entrefilet dans le journal local:" Pour la commémoration du 11 Novembre, en présence des autorités civiles, militaires et religieuses, Julien Agullo s'est vu remettre la médaille commémorative d'Algérie."
Combien sont ils, de notre ville d'Eysines à être partis combattre dans les Ardennes ou dans les terribles tranchées de verdun ou sur le Chemin des Dames pour que la France reste Française, mais avant tout libre (91 de nos habitants sont morts durant la première guerre mondiale. Chaque nom fut cité et accompagné par " Mort pour la France" par la foule.
Mais combien sont revenus blessés, handicapés, en état de choc, l'histoire ne nous le dira pas. Mais nous avons une pensée pour eux.

En ce jour, les anciens combattants de France et d'Afrique du Nord sont là pour honorer leurs camarades tombés aux combats.

Enfin une nouveauté, la présence de jeunes, participant à la 91 ème cérémonie du 11 Novembre, en lisant des lettres" des poilus". Moment très émouvant.
Lors de la cérémonie des époux Baudon, nous avons suggéré à la Municipalité d'inviter les enfants des écoles d'Eysines afin que le Devoir de Mémoire continue. Mme Le Maire et ses adjoints lisent ils le Blog d'UMP Eysines???
Voir des visages jeunes dans la foule rassure, nous savons maintenant que les combattants de la 1ère Guerre mondiale ne seront pas oubliés.
Cette cérémonie se termina par une Marseillaise très timide dont les paroles furent entonnées par quelques uns d'entre nous. Il est grand temps de parler d'Identité Nationale.

1 commentaire:

  1. "VERRE D'EAU"

    On l'appelait ironiquement "Verre d'eau".

    Auguste était un vieil ivrogne sans nom.

    Hydraté dès le lever avec la pire des piquettes, la matinée se terminait invariablement dans une noyade de tonnerre et de feu, la grosse gnôle prenant vite le relais des p'tits canons...

    A travers cette voluptueuse agonie de sa conscience le buveur nageait, tour à tour hilare, hébété, larmoyant, dans ce qui semblait être son véritable élément : un univers sinistre d'amnésie tranchante et de gaité frelatée.

    Soixante-cinq ans que cela durait. Une existence entière vouée à l'ivrognerie la plus crasse.

    L'on s'étonnait d'ailleurs que "Verre d'eau" fût encore de ce monde après cette longue vie arrosée des pisses de Bacchus.

    Mais il était solide l'Auguste ! Faut-il qu'il y ait un Dieu pour les assoiffés sans fond... Il est vrai qu'il avait survécu aux tranchées de la "14". A le voir ainsi, lamentable, abreuvé d'indignité, dégueulant son ivresse, qui l'eût cru ?

    Après avoir traversé l'enfer de la Grande Guerre, qu'est-ce qui aurait donc pu l'abattre ? Pour ce passé héroïque on pouvait bien lui pardonner son vice, au vieil Auguste... Son statut de vétéran le maintenait malgré tout en estime dans le coeur de ses concitoyens navrés de le voir chanter ses "gnôleries" du matin au soir.

    Lui, ne parlait jamais des tranchées. Soûl à toutes heures de sa vie, comment aurait-il pu tenir une conversation cohérente sur quelque grave sujet ? Même lors des commémorations annuelles, il recevait l'accolade du maire l'haleine chargée de tous les alcools du diable... Se souvenait-il encore au moins de sa jeunesse dans la boue des combats ?

    "Verre d'eau" finit par mourir dans un dernier hoquet désespéré dédié à la vigne qui, depuis l'âge de vingt-deux ans, l'avait aidé à vivre.

    A oublier surtout.

    Il buvait comme un trou depuis l'âge de vingt deux ans... C'était en 1918, la fin de la guerre. Celui que désormais on allait bientôt surnommer malicieusement "Verre d'eau" venait d'être démobilisé. Vingt-deux ans et déjà toute l'horreur des tranchées dans le regard.

    Pauvre "Verre d'eau" ! Homme pitoyable, misérable, lamentable, mais surtout âme sensible brisée en pleine jeunesse, nul ne saura jamais son secret d'ivrogne.

    On inhuma bien vite le défunt sans famille.

    Nul ne sut que ce sobriquet de "Verre d'eau" sonnait aussi juste chez lui, deux syllabes lourdes comme le son du glas, sombres tel le chant fatal de l'airain...

    "Verre d'eau" : des sons clairs et sereins si proches des sons de l'enfer. Des sons qui, ironie du destin, rappelaient son drame, poignant.

    Car le drame de "Verre d'eau" c'était...

    Verdun.

    Raphaël Zacharie de IZARRA

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