Le G 20 de Londres a été un grand succès.
Le plus important, à mes yeux, c’est le message d’unité et de volonté que les 20 plus grandes puissances économiques de la planète, qui produisent à elles seules 85% de le richesse mondiale, ont adressé aux opinions publiques et aux grands décideurs. L’économie est surtout faite de psychologie et de confiance. En donnant confiance, le G 20 peut accélérer la sortie de crise.
Sur le fond, les grandes puissance réaffirment leur “conviction commune que les principes du marché, des économies ouvertes et des marchés financiers correctement réglementés favorisent le dynamisme, l’innovation et l’esprit d’entreprise qui sont indispensables à la croissance économique, à l’emploi et à la réduction de la pauvreté”. Ce n’est donc pas l’acte de décès de l’économie de marché, tout au contraire, c’est sa remise en ordre et en marche.
Les mesures annoncées pour réguler les activités financières qui ne l’étaient pas jusqu’à présent, sont impressionnantes: fonds spéculatifs, produits dérivés, paradis fiscaux, agences de notation, normes comptables encadrement de certains modes de rémunération abusifs… toutes les questions sensibles sont traitées. Bien sûr, il s’agit pour l’instant de déclarations d’intention et tout dépendra de la manière dont les ministres des finances exécuteront les instructions qui leur sont données. Mais la feuille de route existe. C’est sans aucun doute une satisfaction pour les pays européens et la démonstration que le couple franco-allemand peut exercer, s’il le veut, une influence déterminante
S’agissant de la “relance”, en revanche, on trouve peu de choses dans la communiqué final. Certes les moyens du FMI sont triplés, mais c’est pour lui permettre de venir en aide aux Etats menacés de faillite et, avec la Banque mondiale, aux pays en développement. Pour ce qui est des pays riches frappés par la récession, aucun engagement nouveau.
Les leçons politiques et diplomatiques à tirer de l’événement sont intéressantes.
D’abord, c’en est fini du directoire américano-européen (plus le Japon) pour régler les affaires économiques du monde. Le G 7 (devenu G cède la place au G 20 et c’est tout dire. La Chine, notamment, est devenu un acteur majeur sur la scène mondiale. La sortie de crise dépendra pour beaucoup de sa performance de croissance et de sa bonne volonté à continuer à financer le déficit extérieur des Etats-Unis. Certes, c’est son intérêt de grande puissance exportatrice. Mais elle s’interroge publiquement sur la stabilité du dollar dont elle achète des quantités phénoménales et relance le débat sur la définition d’une autre monnaie de réserve internationale. Elle s’est faite discrète sur ce sujet à Londres mais gageons qu’elle y reviendra.
On attendait le nouveau Président américain. On redoutait que, porté par l’Obamania ambiante, il ne se comporte avec un rien d’arrogance. Il a au contraire choisi le rôle du conciliateur, du facilitateur, en renouant par exemple le dialogue avec la Russie. La réussite du G 20 est aussi celle de son examen de passage mondial, même si une partie de la presse américaine lui reproche de n’avoir pas obtenu grand chose pour stimuler la demande dans les économies en récession.
Faut-il mettre un bémol à ce constat de succès? Je me demande pour ma part si le risque n’est pas tout simplement le retour au statu quo ante. Faisons tout pour sortir de la crise, d’accord. Mais si c’était pour recommencer comme avant, selon un modèle de croissance inchangé, n’aurions-nous pas manqué une occasion historique? Ne devrions-nous pas au contraire profiter de ce qui nous arrive pour changer de logiciel et effectuer la révolution vers une croissance durable qui seule nous permettra d’inverser le processus de dérèglement de tous les équilibres écologiques?
L’occasion va se présenter d’ici la fin de l’année: ce sera la sommet de Copenhague en décembre prochain au cours duquel les Nations du monde devront donner une suite au protocole de Kyoto. Pour notre avenir à long terme, ce sommet là sera plus décisif que celui de Londres. Nous devrions mettre toute notre énergie à le préparer."